Attirée par le secteur de la beauté et du soin depuis très jeune, Amélie a fait une école de commerce pour rentrer dans les cases.
Dès son premier stage en entreprise, elle a su qu’elle n’était pas à sa place. Elle nous raconte ici son parcours pour renouer avec le milieu du soin et de l’esthétique.
Bonjour Amélie, peux-tu nous parler de ton parcours scolaire ?
J’ai toujours été perdue face aux choix de spécialisation. J’aurais aimé faire une école de maquillage mais mes parents m’en ont dissuadée. Pour eux, ce n’était pas un métier et j’avais les capacités intellectuelles pour aller plus loin. Je pense qu’à l’époque, on mettait très facilement les gens dans des cases et je ne me suis pas écoutée.
J’ai d’abord intégré une filière STG avant de faire une prépa HEC. Une période difficile pour moi. Les personnes autour de moi semblaient savoir pourquoi elles étaient là ; moi non. J’ai tout de même intégré une école de commerce mais dès mon premier stage en entreprise, j’ai senti que je n’étais pas à ma place.
Quand as-tu senti que tu n'étais plus à ta place ?
Dès mes premiers stages, j’ai vite compris que le salariat serait compliqué pour moi. Le manque de flexibilité en termes d’horaires ou de vacances, le présentéisme avec la fameuse phrase lancée si on file à 18h : “Tu as pris ton après-midi ?”.
Mais il fallait tout de même que j’amortisse les frais de mon école de commerce alors je suis restée dans cette voie. Une fois diplômée, j’ai décroché un CDI dans une agence média en tant que cheffe de projet digital. Je suis du genre à m’ennuyer rapidement et là, j’ai eu très vite la sensation d’avoir fait le tour. Les tâches étaient répétitives et la stratégie digitale toujours la même. J’ai tenu trois ans.
Quel a été ton déclic pour te lancer ?
L’arrivée du COVID a été un vrai coup de massue. En agence media, il y a beaucoup d’événements et ça dynamisait mon quotidien. Quand je me suis retrouvée à travailler seule et à distance, j’ai compris ce qui manquait à mon métier.
En plus de ça, mon ancienne manager a été arrêtée plusieurs semaines. Ça a été très difficile pour moi car j’ai dû gérer beaucoup plus de tâches de management malgré moi.
C’est comme ça que j’ai admis que quelque chose n’allait pas. Le documentaire “Renaître” a enfoncé le clou et j’ai commencé à me poser des questions pour me réorienter: “Qu’est-ce que j’aime faire ?” “Comment vais-je mettre en place un nouveau projet ?”
Comment as-tu pris la décision pour devenir masseuse ?
Au Nouvel An, j’ai rencontré une fille qui s’était lancée dans les massages. J’ai passé la soirée à lui poser des questions. J’étais toujours en poste mais cette voie me titillait. Je me suis dit que pour valider cette voie, il fallait tester. L’idée qu’on se fait d’un métier et sa réalité peuvent être très différentes !
Alors j’ai pris des congés et j’ai booké deux jours de formation en massage Renata pour le mois de juillet. “Si ça me plaît, je négocierai une rupture conventionnelle !”
Et ça m’a plu ! J’ai suivi 3 formations en deux jours. J’ai tout de suite adoré ce contact humain qui me manquait derrière l’ordinateur et le fait que ces massages puissent avoir un réel impact sur le corps et l’esprit. J’ai eu un déclic mais la formation était bien trop express pour que j’envisage de me lancer immédiatement.
Quelques semaines après, j’ai eu mon entretien annuel. J’en ai profité pour négocier ma rupture conventionnelle.
À quoi ressemblent tes débuts ?
Je n’ai pas créé mon entreprise tout de suite ; j’avais besoin de m’entraîner sur les massages. J’avais aussi besoin de temps pour réfléchir à mon projet entrepreneurial : quelle forme juridique choisir ? Quel nom ? Comment développer et animer le compte Instagram ?
Au cours de cette année-là, j’ai beaucoup pratiqué pour connaître par cœur les soins appris en formation. Mon conjoint et ma belle-mère ont été mes plus fidèles cobayes !
Comme les locaux à Paris sont hors de prix, j’ai aménagé mon appartement pour créer un salon intimiste chez moi. Je me suis dit que ce serait un bon début et que je pourrais toujours aviser en fonction de la demande.
Comment as tu réussi à dépasser tes peurs ? Ton manque de confiance en toi ?
Changer de métier c’est aussi faire face au syndrome de l’imposteur. Il y a une vraie question de légitimité. J’ai voulu attendre d’être au point sur les 3 massages Renata França avant de lancer mon entreprise et facturer mes prestations.
En janvier 2023, j’ai monté ma SASU et j’ai dû trouver des clientes. Je me suis inscrite sur Treatwell pour me faire connaître dans le quartier. Recevoir des avis très positifs de personnes hors de mon entourage m’a vraiment aidée à avoir confiance en moi. Leurs mots m’ont donné un vrai élan !
Comment as tu géré l'instabilité financière pendant cette période de transition ?
Il est possible d’avoir le chômage lorsqu’on crée sa société et qu’on ne touche pas de salaire. Cette période m’a permis de développer mon entreprise et de créer ma clientèle plus sereinement.
Mon chômage s’est terminé à la fin de l’année 2023. Je vis actuellement sur mes économies ; Noël et mon anniversaire en Janvier tombaient à pic. J’ai aussi récupéré une partie de mes frais de formation et de matériel. Je compte me verser un petit salaire (1000 euros) à partir de cet été.
Je n’ai pas peur pour l’avenir car tout ce que j’ai pu mettre en place commence à porter ses fruits. J’ai un bon référencement naturel sur google, de plus en plus de clientes me recommandent. Je ne suis qu’à ma deuxième année et je sais qu’il faut être patiente quand on monte une entreprise.
Quel est ton bilan aujourd'hui et quels sont tes enjeux à venir ?
Je suis très heureuse d’être là où j’en suis et je suis reconnaissante de faire ce que j’aime. Il y a des sacrifices à faire, des moments de doutes mais j’ai trouvé le bon équilibre. Je ne suis plus angoissée le dimanche soir à l’idée de reprendre le boulot le lundi et ça c’est un vrai luxe.
Je me forme en continu. Tous les 6 mois, je cherche des nouvelles techniques qui peuvent aider sur les problématiques de mes clientes. C’est un super moyen d’étoffer mon offre et de ne pas m’ennuyer.
Mais le métier de masseuse reste très physique ; c’est pourquoi je me limite à 5 massages par jour. Selon moi, il est important d’être en forme pour que les soins ne baissent pas en qualité. Je réfléchis à pleins d’autres projets moins physiques qui pourront compléter mon offre. Il y a tellement de possibilités mais mon objectif premier est de stabiliser mon activité !
Les conseils d'Amélie à une femme qui voudrait se lancer dans un métier artistique :
- Se former avant de tout quitter. Il existe pas mal de formations de massage qui sont “assez courtes” ; 3 jours en règle générale. Cela peut être un bon moyen de savoir si ça nous plaît ou non car il y a beaucoup d’idéalisation avec les réseaux sociaux.
- Ne pas avoir peur de l’inconfort financier et négocier une rupture conventionnelle. Un an ou deux, c’est un temps suffisant pour poser les choses et lancer correctement un projet.
- Savoir s’écouter et trouver ce qui nous fait vibrer. L’entreprenariat, c’est un marathon et il faut aimer très fort ce que l’on fait pour être motivée même les jours où l’on est un peu moins.
Pour consulter le travail d’Amélie, c’est par ici !