Tout comme les hypersensibles, les profils HPI (Haut Potentiel Intellectuel) qui caractérisent les personnes ayant un QI (Quotient Intellectuel) au-dessus de 130, présentent une forme d’atypie qui concernerait 2,3% de la population.
Mon objectif aujourd’hui n’est pas de dresser un portrait robot du profil HPI ; ce serait d’ailleurs impossible tant les formes et les spécificités varient d’une personne à l’autre. En revanche, je souhaite adresser certaines difficultés que les profils HPI peuvent rencontrer dans le monde du travail et donner des pistes de solutions.
Car loin d’être une aubaine, leurs capacités intellectuelles peuvent nuire à leur épanouissement en milieu professionnel. Alors, comment mieux vivre le monde du travail quand on est HPI ?
Le sentiment de décalage avec les autres lorsque l'on est HPI
Les profils atypiques sont rarement sur la même longueur d’ondes que les autres. Et si c’est vrai dans la sphère privée, c’est également le cas en milieu professionnel.
Les profils HPI n’échappent pas à la règle. Ils ont une manière d’appréhender le monde différente de celle des autres. Et une logique bien à eux ! C’est pourquoi ils peuvent rencontrer des difficultés à se faire comprendre et ont souvent du mal à trouver leur place dans l’organisation collective.
Ces difficultés d’intégration ou de communication font naître chez les profils HPI le sentiment d’être incompris, isolés. En milieu professionnel, cela donne souvent lieu à des questionnements sur leur rôle ou la valeur qu’ils apportent à l’entreprise.
Cette différence peut demander une adaptation de la part du profil atypique pour adopter des codes qui ne sont pas les siens. Mais aussi de la part de ses interlocuteurs et collègues pour faciliter le dialogue et adapter leur fonctionnement. Une bonne technique revient à utiliser la communication non-violente. Elle permet de communiquer en se recentrant sur les besoins de chaque partie pour résoudre des conflits ou des situations où la communication est compliquée.
Dans de nombreux cas, ce sentiment d’être à la marge pousse les profils HPI vers des jobs “solos” où ils s’épanouissent à créer leurs propres règles du jeu : profession libérale, entrepreneuriat, freelancing…
Profils HPI et le besoin de stimulation constante
Un autre challenge pour les profils HPI est de satisfaire leur besoin insatiable de stimulation. Ces atypiques ont soif de nouveauté, d’apprentissage.
En effet, les grandes capacités intellectuelles des profils HPI leur permettent de prendre rapidement un poste en main. Ils en saisissent les enjeux à vitesse grand V et en comprennent les moindres subtilités. Si cette rapidité d’apprentissage peut apparaître comme une grande qualité, cette spécificité crée rapidement un ennui profond. En exécutant et en maîtrisant très vite leurs missions, les profils HPI se retrouvent avec peu de choses à faire et donc, sans nouveau défi. Sans stimulation. L’ennui les poussera à se remettre sans cesse en question : Et s’ils étaient la source du problème ?
Comme ils s’ennuient très rapidement, les profils HPI ne parviendront pas à satisfaire leur besoin de stimulation par le biais d’une évolution de carrière fulgurante. Ainsi, pour répondre à leur besoin de nouveauté, les profils HPI peuvent se tourner vers des métiers dont la mission principale est la résolution de problèmes : recherche, ingénierie, consulting, développement web, analyse de données… Mais aussi vers des voies professionnelles elles aussi atypiques telles que le slashing.
Le terme “slasheur” provient du signe typographique « / », cette fameuse barre oblique du clavier qui se dit en anglais « slash » et qui indique une séparation entre différents éléments simultanés. Slasher revient à mener plusieurs métiers de front : employé·e dans une banque la journée / DJ la nuit, responsable commercial en semaine / prof de yoga le week-end etc.
Le slashing convient particulièrement aux profils HPI qui y trouveront tout le renouveau et la stimulation dont ils ont besoin.
Profils HPI et syndrome de l'imposteur
Les profils HPI sont également plus sujets à ressentir un syndrome de l’imposteur. En effet, leur grande lucidité et leurs capacités intellectuelles hors normes rendent beaucoup de tâches faciles. Ainsi, ils n’ont pas l’impression de fournir un effort particulier dans l’exécution de leurs tâches au quotidien.
C’est la raison pour laquelle les profils HPI ont du mal à se sentir fiers de leurs succès. Pour eux, il faudrait accomplir des choses exceptionnelles pour réellement “réussir”.
Ce sentiment d’imposture peut aussi être accentué par :
- l’effet de Dunning-Kruger, ce biais cognitif qui montre que plus on en apprend sur un domaine, plus on voit l’étendue de ce que l’on ne sait pas.
- le perfectionnisme, qui pousse les profils HPI à se fixer des objectifs très difficiles à atteindre. Leurs attentes et leur degré de satisfaction sont élevés et donc difficiles, voire impossibles à combler. Ce cercle vicieux conduit souvent à une dégradation de l’estime de soi.
Le syndrome de l’imposteur peut avoir des répercussions négatives et générer une anxiété chronique. Pour les profils HPI (comme pour les autres), une des solutions consiste à se faire accompagner pour le dépasser et rétablir une bonne estime de soi.
L’enjeu du profil HPI est d’apprendre à accepter ses atouts, les valoriser et de comprendre qu’on peut être fier·e de soi, même si l’on a atteint ses objectifs sans difficulté.