Vivre du dessin vous semble impossible ? L'histoire d'Agathe nous prouve le contraire.
Agathe a 30 ans. Sa reconversion en tant qu’illustratrice, elle ne l’avait pas prévue.
Elle qui n’avait jamais vraiment exploré le dessin s’est révélée et affirme aujourd’hui être là où elle devait être.
Bonjour Agathe, peux-tu nous parler de ton parcours scolaire et académique ?
J’ai eu un parcours scolaire assez classique. Après le bac, je me suis orientée vers des études en communication. Je ne savais pas exactement ce que je voulais faire alors j’ai opté pour l’école la plus généraliste possible.
J’ai fait mon bachelor à Toulouse et des stages à Paris dans des agences de communication. J’aimais la vie parisienne et je m’y voyais bien vivre. À cette époque-là, je ne dessinais pas du tout.
À quoi ressemblent les premières années de ta vie professionnelle ?
Une fois diplômée, j’ai décidé de partir à l’étranger pour une année de césure. Fin 2014, je me suis envolée pour l’Australie, à priori pour huit mois. Je n’ai fait que décaler mon retour en France et finalement, j’ai passé quatre ans et demi en Australie. Je me disais que j’aurais tout le temps de me concentrer sur ma carrière une fois rentrée.
En 2019, j’ai senti qu’il était temps de rentrer en France. Là, j’ai commencé à me demander : “Qu’est-ce que je fais ?”, “Comment justifier ce vide sur mon CV ?”
La vie fait parfois bien les choses. Un de mes proches était à la recherche d’une personne pour gérer la communication, les réseaux sociaux et les réservations d’un domaine qu’il venait d’acquérir dans la Drôme. C’était la configuration idéale pour remettre le pied à l’étrier.
Mais le soir et les week-ends, en pleine Drôme, j’ai eu besoin de quelque chose en plus pour m’occuper et me stimuler… C’est là que j’ai acheté un iPad et que je me suis mise à dessiner au stylet. Comme ça, pour occuper mes soirées. Je n’avais jamais touché un pinceau de ma vie avant ça !
À quel moment as-tu envisagé de devenir illustratrice ?
J’envisageais ces illustrations comme un hobby. Un jour, sans arrière-pensée ou prétention, je me suis dit “Tiens, ce serait cool de partager ce que je fais et de voir ce que mes proches en pensent”. C’est comme ça que j’ai créé un compte Instagram.
Quand le Covid et le confinement sont arrivés, l’activité du domaine a été mise en pause. Et là, tout s’est enchaîné. Tout le monde était sur son téléphone et l’engagement sur les réseaux sociaux était énorme. Je publiais des illustrations tous les jours et mon compte Instagram a explosé ; en deux mois, j’ai atteint les 10 000 abonné·e·s et en un an 60 000 !
Alors très vite, je me suis posé la question de professionnaliser cette activité. J’avais toujours eu en tête d’exercer un métier qui m’offre la liberté de travailler de partout. Et si l’illustration me permettait d’atteindre cet objectif de vie ?
Comment as-tu professionnalisé ton activité et géré l'insécurité financière ?
J’ai un esprit très cartésien et je n’ai pas fait les choses dans la précipitation. J’ai ouvert une micro-entreprise et je me suis donnée à fond pour développer mon compte Instagram. Pendant deux ans, j’ai posté tous les jours. Et ça a payé !
Pendant ces deux ans, j’ai maintenu ma double activité : le salariat dans la communication pour le domaine et le développement de mon activité d’illustratrice.
Petit à petit, mes revenus d’illustratrice ont égalé mes revenus salariés. En 2022, je me suis rendu compte que j’arrivais à me dégager un double salaire. J’avais les reins assez solides pour me lancer pleinement dans l’illustration et en faire mon métier !
Est-ce que tu as eu des blocages, des peurs ?
En quittant mon CDI, j’ai négocié une rupture conventionnelle malgré mes revenus en auto-entreprise… Cela me rassurait de pouvoir prétendre au chômage en cas de baisse d’activité.
Comme je suis totalement autodidacte, j’ai mis du temps à me revendiquer illustratrice. J’avais un vrai syndrome de l’imposteur. J’ai changé de mentalité quand j’ai eu de plus gros clients. Un jour, juste avant une visio avec un gros client qui me stressait, je me suis dit : “Fais comme si tu avais fait ça toute ta vie.”
Ça a été un déclic ! À partir de là, je me suis répété que mes clients avaient besoin que j’aie confiance en moi et que s’ils m’appelaient pour me proposer des collaborations, c’est que j’étais légitime !
Aujourd'hui, quel est ton bilan ?
Le bilan est hyper positif. J’ai trouvé un métier dans lequel je me vois travailler toute ma vie ! J’aime travailler seule et je ne vois pas les journées passer. Ma récompense c’est de pouvoir travailler de partout… Cette liberté n’a pas de prix !
J’ai la chance de travailler avec des clients prestigieux et de plus petites marques spécialisées dans la mode ou le textile pour qui je crée des motifs. Mon compte Instagram est ma vitrine et mes collaborations m’amènent de nouveaux clients.
Je me sens vibrer tous les jours. Cette reconversion non prévue m’a amenée pile au bon endroit.
Quels sont tes enjeux à venir ?
J’ai besoin d’être secondée sur la partie administrative. Déléguer me permettrait de prendre plus de clients. Dans l’idéal, j’aimerais avoir moins de clients mais de plus gros projets pour préserver ma créativité. Pour le moment, je suis toujours en micro-entreprise mais je vais bientôt devoir changer de forme juridique à cause des plafonds de ce statut.
Et puis, pour développer encore plus mon activité, j’envisage de m’installer à Paris. J’adore mon Sud mais c’est à Paris que je peux développer mon réseau et rencontrer mes clients au quotidien. Et puis, si ça ne correspond pas à ce que je veux, je chercherai un autre endroit où je suis bien !
Les conseils d'Agathe à une femme qui voudrait se lancer en tant qu'illustratrice :
- Faire confiance à son intuition et écouter sa petite voix. Si tu le sens bien, fonce ! Qu’est-ce que tu as à perdre ?
- S’autodiscipliner. Même en freelance, c’est important d’avoir un rythme avec des horaires de bureau. C’est un cadre nécessaire pour se lancer et avancer.
- Se documenter et se former pour balayer les peurs. Il y a plein de ressources disponibles sur internet et beaucoup d’outils à notre portée pour se lancer et changer de voie.
- Travailler son état d’esprit. Quand on se questionne sur sa crédibilité, il est important d’essayer d’avoir un état d’esprit de fonceur. Et même si ce que tu tentes ne fonctionne pas, cela restera une expérience. Tu auras toujours fait plus qu’une personne qui n’a pas bougé et n’a pas pris de risque !
Pour consulter le travail d’Agathe, c’est par ici !