Malheureuse à l’Éducation Nationale, Alexia nous a raconté sa reconversion en tant qu’ingénieure pédagogique.
Bonjour Alexia, peux-tu nous parler de ton parcours académique et professionnel ?
Après le lycée, je suis allée en prépa littéraire et j’ai ensuite intégré une fac d’anglais. Motivée par le fait de transmettre, je me suis orientée vers l’enseignement et j’ai passé le CAPES d’anglais.
J’ai enseigné pendant 5 ans en collèges et lycées en commençant par des postes de remplaçante. Les premières années étaient épanouissantes, je pensais que j’avais trouvé ma voie !
Quand as-tu senti que tu n'étais plus à ta place ?
J’ai commencé à me poser des questions après ma quatrième année en tant qu’enseignante. À cause de nombreuses réformes et de la lourdeur de l’institution, je n’arrivais pas à construire une réelle continuité pédagogique et j’avais de plus en plus de mal à entretenir un climat favorable à l’apprentissage des élèves. Je ne retrouvais plus mes valeurs au quotidien et j’étais confrontée à de gros problèmes de management. Et constater que mon champ d’action était à ce point limité par des problématiques structurelles me déprimait.
Je trouvais aussi que j’avais une situation précaire qui n’était pas à la hauteur de mon investissement personnel.
Quel a été le déclic pour changer de voie ?
Lors de ma cinquième année, j’ai été arrêtée pendant 6 mois pour burnout. J’étais dans un tel état que je ne me voyais pas revenir en classe. J’ai fait un suivi thérapeutique et j’ai également réalisé un bilan de compétences.
Ces accompagnements m’ont aidée à prendre du recul et à construire un nouveau projet professionnel. C’est là que j’ai pu envisager de quitter l’Éducation Nationale pour apprendre un nouveau métier et devenir ingénieure pédagogique !
Quelles ont été les grandes étapes de ta reconversion ?
J’ai commencé par rompre mon contrat avec l’Éducation Nationale. Comme l’institution a refusé ma demande de rupture conventionnelle, j’ai dû démissionner.
En tant qu’ancienne fonctionnaire, je n’avais pas le droit au chômage donc je n’avais pas d’autre choix que de faire ma formation en alternance. J’ai alors cherché un organisme de formation qui proposait ce format. Entre ma démission et le début de mon contrat d’apprentissage, j’ai travaillé en freelance sur des missions pédagogiques pour joindre les deux bouts. J’ai obtenu mon certificat professionnel d’ingénieure pédagogique un an et demi après avoir posé ma démission.
Une fois certifiée, j’ai trouvé mon CDD actuel dans la fonction publique.
Est-ce que tu as eu des blocages, des peurs ?
Forcément, démissionner a été pour moi un grand saut dans le vide. Au sein de l’Éducation Nationale, on te répète fréquemment que “tu n’es bonne qu’à enseigner” et que le reste du monde du travail n’a rien d’intéressant à t’offrir.
Mon bilan de compétences m’a vraiment aidée à prendre du recul et à explorer d’autres options. J’ai alors eu confiance dans le fait de changer de métier et j’étais consciente que si la transition allait être difficile, elle n’était pas représentative de l’”après”. L’alternance était aussi rassurante pour moi car j’ai pu en même temps apprendre un nouveau métier et m’insérer professionnellement. Ça m’a aidé à dépasser mon syndrome de l’imposteur !
Trois ans après, quel est ton bilan ?
Je ne regrette absolument pas ma décision ! Je suis super fière de tout ce que j’ai accompli en si peu de temps et ce changement m’a même donné confiance en moi.
J’ai aujourd’hui un métier qui me correspond, me nourrit et m’apporte un meilleur équilibre vie pro – vie perso. Je suis aussi contente d’avoir réussi à conserver la pédagogie au cœur de ma vie professionnelle. J’ai plutôt l’impression d’avoir suivi une évolution naturelle que de m’être réellement reconvertie.
Les conseils d'Alexia à une femme qui voudrait changer de voie :
- Ne pas hésiter à demander de l’aide à son réseau ou à ses connaissances car ça peut ouvrir des horizons auxquels on ne pensait pas forcément.
- Réagir dès qu’on voit des signes de saturation et d’épuisement. Attendre d’être au bord du gouffre crée finalement plus de stress dû au sentiment d’urgence.
- Passer à l’action. À un moment, trop réfléchir ne fait plus avancer les choses. Seule l’action permet d’avancer. Si on se trompe, tant pis, on pourra toujours revenir en arrière ou recommencer !