Après sept ans passés à travailler en comptabilité, Amandine a troqué les bilans comptables contre les menus gastronomiques.
Aujourd’hui cheffe à domicile, elle vit enfin le métier qui lui ressemble : créatif, humain et dans le mouvement.
Entre reconversion réfléchie et instinct assumé, elle nous raconte comment elle a construit sa nouvelle vie à son rythme, sans jamais perdre de vue l’essentiel : se sentir à sa place.
Bonjour Amandine, peux-tu nous parler de ton parcours ?
J’ai toujours été attirée par la restauration. Petite, je rêvais déjà de cuisine. Mais mon père m’avait prévenue : “Tu n’auras pas de vie de famille dans ce métier.” Alors j’ai suivi les conseils familiaux : une voie stable, un bon salaire…
J’ai fait des études dans la comptabilité en écoutant la voie de la raison. J’ai exercé ce métier pendant sept ans, dans deux cabinets différents. J’avais l’objectif plus long terme de devenir experte-comptable mais sans que ça ne m’attire vraiment. En fait, je m’ennuyais.
Quand as-tu senti que tu n'étais plus à ta place ?
Je ne supportais pas d’être assise à un bureau. Moi, ce que j’aimais, c’était le terrain, l’action, rendre visite aux clients que j’accompagnais.
Après deux ans au même poste, j’avais la sensation d’en avoir fait le tour. Alors je demandais plus de responsabilités, des dossiers plus complexes. Mais ça ne suffisait pas. Et en changeant d’entreprise, l’histoire se répétait.
Quel a été le déclic pour changer de voie ?
Je cuisine depuis toujours. J’adorais aussi regarder Top Chef sans pouvoir y participer car je n’étais pas professionnelle. Alors un jour, pendant le Covid, un peu sur un coup de tête, je me suis inscrite à un concours de cuisine “Objectif Top Chef”.
Je me suis lancée en deux minutes, sans réfléchir. Et ils m’ont rappelée.
Je m’en suis bien sortie, à mon grand étonnement ! J’ai découvert le plaisir de rencontrer des gens passionnés et puis j’ai ressenti beaucoup d’adrénaline.
Comment t'es-tu lancée ? Est-ce que ça a été difficile de sauter le pas ?
Je savais que je voulais travailler en restauration, mais je n’avais pas envie d’avoir un·e chef·fe au-dessus de moi. J’avais besoin de m’exprimer. Alors, l’option de proposer une prestation à domicile, pour moi, ça cochait toutes les cases.
Pour confirmer, j’ai fait des enquêtes métier : j’ai contacté deux chefs à domicile à Paris et Bordeaux que je suivais sur Instagram. Je leur ai demandé comment ils travaillaient, s’ils s’en sortaient financièrement, s’ils avaient un labo, etc.
J’ai aussi envisagé de lancer un service de box, mais c’était trop flou, trop concurrentiel. Avant de me décider, j’ai fait des sondages, une sorte d’étude de marché et puis j’ai fini par suivre mon intuition.
J’ai passé un CAP cuisine à distance, en parallèle de mon travail. Financièrement, c’était la seule solution pour ne pas me mettre en difficulté. Je voulais une transition en douceur. J’ai donc négocié une rupture conventionnelle et j’ai lancé mon activité en 2021.
À part une immersion d’une semaine je n’avais pas fait de stage. J’ai beaucoup appris en autodidacte. J’ai commencé en faisant des prestations “test” chez des ami·e·s d’amis. J’ai fait mes premières erreurs sans pression.
Comment as-tu géré l'instabilité financière de ta reconversion ?
J’ai eu la chance d’avoir le chômage pendant deux ans, ce qui m’a permis de lancer mon activité sereinement.
Dès le début, ça a plutôt bien marché. Mon chiffre d’affaires a progressé tranquillement, les deux premières années ont été solides.
Quand les aides se sont arrêtées, j’ai mis les bouchées doubles en communication avec des flyers, une plus grande présence sur Instagram… Et le travail a payé ! J’ai encore connu une belle progression.
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Aujourd'hui, quel est ton bilan ?
Je gagne mieux ma vie que lorsque j’étais comptable. Mais il faut bien prendre en compte toutes les charges, notamment l’URSSAF. Je suis passée en entreprise individuelle, donc plus de charges qu’en micro-entreprise. Il faut comparer ce qui est comparable : comparer un salaire net à son revenu après déduction des charges plutôt qu’à son chiffre d’affaires.
Mais en bout de ligne je m’en sors quand même mieux, je prends beaucoup plus de vacances. Et surtout, je me suis trouvée. Je me suis affirmée, j’ai appris à me connaître.
Un autre avantage pour moi : mon métier est très varié. Ma semaine type ? Lundi et mardi : repos. Ensuite j’ai une journée d’approvisionnement (je n’ai pas encore assez d’activité pour me faire livrer par tous mes fournisseurs), deux jours de production en cuisine, puis les prestations, parfois avec des déplacements.
Pendant les périodes de rush, il peut y avoir deux prestations dans la journée et aucun jour de repos. Mais ce n’est pas toute l’année.
C’est dur physiquement, c’est exigeant, mais c’est un métier de passion. Et quand je suis chez mes clients, je suis à ma place, j’aime ce que je fais.
Les conseils d'Amandine à une femme qui envisage de se reconvertir :
- Suivre son instinct. Ne pas écouter les conseils qui sont en fait des peurs projetées par les autres.
- Poser des questions aux professionnel·les. Bien s’informer, pour éviter les erreurs évitables.
- Avoir un site bien fait. Propre, clair, qui reflète vraiment sa personnalité.
Pour retrouver le travail d’Amandine, c’est sur Insta ou son site.
