Je me lance un “petit défi”, sans aucune arrière pensée
Comme beaucoup, j’ai commencé ma vie professionnelle avec un parcours “assez classique”. Après mon Bac, j’ai fait une classe préparatoire à Montpellier, j’ai ensuite intégré une école de commerce à Grenoble et j’ai commencé ma vie professionnelle à Paris.
C’est un peu le passage obligé pour les stages et les premiers postes. Ma première expérience professionnelle sera aussi ma dernière dans le salariat : en 2016, je décroche un poste de responsable marketing et achats chez Amazon et j’y resterai pendant trois ans.
Durant les deux premières années, je m’occupe des marques qui vendent leurs produits sur la plateforme ; j’en assure la promotion, le marketing et la gestion des stocks. C’est un post à 360°, assez prenant. Au cours de ma troisième année chez Amazon, je change d’équipe et je deviens chargée du contenu d’Alexa, l’assistant vocal d’Amazon.
En 2017, je m’inscris en candidat libre au CAP pâtisserie, pour me tester ! Un de nos collègues ramène régulièrement au bureau les pâtisseries que sa copine prépare au CAP et ça me fait envie. Je suis (très) gourmande et j’ai toujours aimé cuisiner des plats sucrés. Je me lance un “petit défi”, sans arrière pensée et j’obtiens mon CAP en juin 2018. Tout au long de la formation, je prends de plus en plus goût à la pâtisserie mais l’idée d’en faire mon métier n’est pas vraiment présente.
Mon père me dit : fonce, on n’a qu’une vie !
À cette époque, je vois la pâtisserie comme un loisir, une activité que je fais en parallèle de mon boulot chez Amazon. Ils me confient d’ailleurs la confection d’un buffet sucré pour un événement interne et c’est là que je crée mon statut d’auto-entrepreneur. Je commence aussi à réaliser des commandes pour mes collègues. De fil en aiguille, je me décide à structurer les choses : je crée un compte Instagram pour mettre en avant mes créations. Sans m’en rendre compte, je me prends au jeu petit à petit.
À la fin de l’année 2018, je commence à réfléchir à un nom pour officialiser ma structure et j’en parle avec mon entourage. Je me rends compte que mon travail chez Amazon ne fait plus sens. Je ne me sens pas très utile. Lorsque je demande l’avis de mes parents sur le fait de lancer une activité de pâtissière en indépendante, mon père me répond “Fonce, on n’a qu’une vie.”
La réflexion fait son chemin. Je quitte Amazon à l’été 2019, en ayant négocié une rupture conventionnelle et avec le sentiment de n’avoir pas grand chose à perdre. Rien ne me retient pour me lancer à fond dans mon activité que j’ai décidé d’appeler “Encore un morceau” et c’est ce que je fais.
Je profite de mes deux années de chômage pour faire des tests, affiner mon modèle économique, comprendre ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas. Je n’ai pas de local, je fais tout de chez moi et je livre mes gâteaux à vélo. Grâce à mes amis, je me crée vite un réseau et je constate qu’il y a de la demande.
Puis le confinement arrive et mon activité est mise sur pause. Je me focalise sur mon Instagram et je crois que le confinement et l’engouement des gens pour la cuisine ont été bénéfiques pour ma visibilité. Je fais des lives, des tutos recettes et je passe de 800 à 3000 en quelques semaines !
Après quelques mois, une nouvelle envie surgit…
Avant le confinement, j’avais prévu de lancer une campagne de crowdfunding pour trouver des cuisines partagées. Je la lance pendant le confinement et je récolte plus d’argent que prévu, quelle chance ! À ce moment-là, je sais au fond de moi que je ne ferai pas ma vie à Paris, que j’ai envie de me rapprocher de la mer et du soleil. J’ai envie de m’installer à Marseille…
Pour prendre cette décision, je raisonne par priorités : je liste les pour et les contre. Je me rends compte que les contre sont facilement démontables et qu’il s’agit surtout de fausses peurs. Il ne reste donc pas grand chose pour me retenir et je sens que c’est le bon moment pour partir !
En juin 2021, je pose mes valises à Marseille. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, je ne repars pas vraiment de zéro en ce qui concerne mon projet : je dois en effet refaire ma clientèle mais je sais désormais ce qui fonctionne, j’ai éprouvé mon business model et créé ma communauté Instagram.
Je développe mon réseau au culot. Je rejoins des réseaux de femmes entrepreneures, je contacte des propriétaires de cafés, des amis d’amis. Hors de Paris, le monde de la restauration est plus petit et tout se fait un peu plus facilement, plus rapidement. J’ai déjà deux points de vente pour mes gâteaux ; c’est une jolie vitrine ! Et je cherche un local maintenant où je pourrais vendre mes créations et proposer des ateliers…
Allier travail et passion n’est pas si évident !
J’ai effectué ces changements par étapes, le plus difficile pour moi étant de sauter le pas et de passer du confort du connu, d’un monde salarié à l’incertitude du statut d’indépendant.
De manière générale, je crois aussi qu’il ne faut pas idéaliser le travail-passion. La pâtisserie répond à des valeurs qui m’animent : le partage, la gourmandise, les moments autour de la table. Mais lorsque l’on choisit une voie “passion”, il faut aussi se rendre compte que la notion de plaisir n’est pas là au quotidien. Il y a des semaines où je ne fais pas un seul cookie et que de la paperasse. Il faut être prêt·e à intégrer aussi les contraintes dans son quotidien !
Mon plus gros challenge à venir est de structurer d’autant plus mon projet, de passer d’une micro-entreprise à une structure avec une boutique et des salariés… Et de rendre mon activité stable et pérenne !
Les 3 conseils de Sophie à une femme qui souhaite se reconvertir :
- Se poser la question de la passion et du travail : il faut arriver à savoir si ce qu’on aime faire sur son temps libre est quelque chose qu’on a envie de faire au quotidien, avec les contraintes qui y sont liées. Surtout dans les milieux artisanaux, culinaires. Il faut se renseigner et tester avant de tout plaquer !
- Foncer ! Parce que comme me l’a très justement dit mon père, on n’a qu’une vie. Si on la passe à faire ce qui ne nous plaît pas, c’est bien dommage. C’est, à ce jour, l’un des meilleurs conseils que l’on m’ait donné.
- Discuter de ses peurs et ne pas se laisser envahir par elles. Souvent, ces peurs sont infondées. Il ne faut pas hésiter à discuter avec des gens du métier pour dédramatiser et ne pas tout intérioriser.
Ce qu’on peut retenir du parcours de Sophie, par Roxane Régnier, fondatrice de Misfit :
- Penser petits pas dans une reconversion est primordial ! Sophie n’a pas commencé par ouvrir une boutique, elle a d’abord testé ses recettes et son modèle en cuisinant de chez elle, et en faisant de la livraison. Dans tous projets de reconversion il y a des façons de tester son nouveau modèle en commençant petit. Ça permet de valider les étapes et de sécuriser sa réorientation.
- Un projet de reconversion ne vient pas du jour au lendemain et peut se faire naturellement, sans forcément avoir de “grand déclic”. Les certitudes de Sophie se sont construites petit à petit, alors qu’au début elle ne voyait dans le passage de son CAP pâtisserie qu’un challenge “plaisir” à côté de son job. C’est pourquoi je vous conseille surtout de laisser le temps au temps !
L’histoire de Sophie vous donne envie de changer de vie ?
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