Ysabelle est une vraie slasheuse : elle n’a pas une mais plusieurs activités professionnelles !
Depuis plusieurs années, elle jongle entre son poste à la Fonction Publique, ses cours en tant que coach sportive, son activité de formatrice et ses projets musicaux. Alors comment a-t-elle fait pour se créer cette vie professionnelle sur-mesure ? Dans cette interview, elle nous a tout raconté…
Bonjour Ysabelle, peux-tu nous parler de ton parcours ?
Après un bac L spécialité musique et deux ans de prépa littéraire (hypokhâgne/khâgne), j’ai passé un diplôme professionnel de musique assistée par ordinateur, puis une licence et une maîtrise d’études européennes. La passion de la musique était déjà là mais dans l’optique de me stabiliser, j’ai passé le concours d’attaché d’administrations parisiennes.
Je suis alors devenue fonctionnaire et j’ai eu plusieurs postes au service de la Ville de Paris : juriste puis chargée de mission sports innovants et plus récemment adjointe d’un pôle assurant des fonctions support.
Quand as-tu senti qu'il te manquait quelque chose ?
J’ai toujours eu un sentiment de manque mais je n’en ai pris conscience qu’en 2017. J’étais juriste à cette époque et malgré la joie et l’accomplissement que je ressentais d’avoir pu intégrer ces fonctions, je ressentais un grand vide et l’impression (erronée) que le champ des possibles s’était fermé.
Quel a été le déclic pour ajouter une deuxième activité ?
Je faisais du sport en salle depuis quelques temps et c’est grâce aux encouragements d’un ami que je me suis inscrite en formation pour devenir coach sportive. J’ai eu un peu de mal à sauter le pas, car je ne me sentais ni légitime, ni capable (vive le syndrome de l’imposteur), mais ce fut l’une des meilleures idées de ma vie !
Quelles ont été les étapes pour mettre en place cette deuxième activité ?
J’ai obtenu en 2018 mon diplôme de coaching sportif, me permettant alors de donner des cours collectifs de fitness et d’exercer ce deuxième “métier passion”.
Cela n’a pas été facile au départ. Une fois diplômée, j’étais encore en proie au doute, au syndrome de l’imposteur et à ma grande timidité ! J’ai d’abord commencé petit, avec un créneau par semaine, puis deux, puis pris des remplacements pour sortir de ma zone de confort et découvrir de nouveaux horizons. Cela m’a beaucoup aidée dans les autres domaines de ma vie.
En tant que fonctionnaires, nous avons la possibilité d’exercer une activité accessoire dans les domaines sportif et culturel après accord de l’administration. J’ai la chance d’avoir une hiérarchie compréhensive et ouverte sur ce besoin de mener plusieurs projets, ce qui a été déterminant pour la coexistence de ces différentes activités.
À quoi ressemble ton quotidien professionnel aujourd'hui ?
En vrai slasheuse, en plus de mes deux activités, j’ai pu rajouter de nouvelles cordes à mon arc : depuis un an, je suis formatrice pour les nouveaux coachs sportifs et j’interviens aussi en tant que formatrice sur la lutte contre les violences sexistes et sexuelles auprès des acteurs de la culture.
Enfin, passionnée de musique depuis toujours, je mixe et me consacre depuis 2012 à mon projet musical électro pop après être passée par plusieurs groupes. S’agissant d’un projet solo, la diversité est bien présente puisqu’en plus de l’écriture, de la composition et de l’arrangement, il faut gérer l’enregistrement, la communication, les visuels…
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Comment as-tu trouvé ton équilibre entre toutes tes activités ?
Je ne l’ai jamais trouvé de façon pérenne ! Il s’agit plutôt d’une valse perpétuelle : tester des choses, en faire un peu “trop” pendant un temps, perdre l’équilibre, passer par une phase de remise en question, réajuster ses priorités et retrouver l’équilibre. C’est un rythme particulier, mais c’est ce mouvement permanent qui m’épanouit.
Aujourd'hui, quel est ton bilan ?
Je suis très heureuse d’avoir la chance d’exercer ces différentes activités, de les développer et d’apprendre en permanence. C’est très stimulant.
J’ai réalisé un bilan de compétences l’année dernière avec Misfit qui m’a permis de découvrir un fil rouge entre toutes ces activités, ce qui m’aide aujourd’hui à prioriser davantage. Même si mener plusieurs projets en même temps implique des choix, j’ai aujourd’hui moins de difficultés à revenir à l’essentiel lorsque la fatigue est trop importante.
Les conseils d'Ysabelle à une femme qui envisage de se reconvertir :
- S’écouter : Si l’on se sent un peu à l’étroit dans sa vie ou incomplète, comme un panier vide ou un cookie sans pointe de sel, je crois qu’il est important de l’accueillir dans un premier temps, puis de se demander ce qui nous épanouirait davantage, en ajoutant, en supprimant ou en changeant un ingrédient. Parfois, la réponse est évidente mais on ne veut pas se l’avouer, parfois il faut chercher un peu plus loin et rester ouverte aux surprises sur le chemin. Il me semble également important de rester à l’écoute de son corps et de ses besoins, pour savoir lever le pied lorsqu’il le faut.
- Oser : C’est difficile, surtout quand on manque de confiance et d’estime de soi, mais c’est fondamental pour amorcer le changement qui nous rendra heureuse. Et essayer de mettre de côté ses éventuelles tendances perfectionnistes, souvent paralysantes, car commencer est incontournable pour réajuster ensuite et s’améliorer toujours. Tout ce sur quoi on porte de l’attention, ce à quoi on consacre notre énergie, finit par germer et grandir. Cela aide à persévérer face à l’échec (qui est toujours temporaire si l’on s’accroche) ou dans les moments de doute.
- Prioriser : Une amie très chère m’a dit un jour de “mieux choisir mes batailles”. On ne peut pas tout mener de front avec le même engagement. Il faut donc prendre des décisions pour faire avancer ce qui compte le plus pour soi et accepter de mettre des choses de côté, même temporairement. Autrement, c’est l’épuisement assuré !
- Bien s’entourer : De personnes franches, lucides et positives qui vous soutiennent dans vos projets. C’est important pour garder un regard objectif lorsque l’on doute et se recentrer lorsque l’on s’éparpille. Avec plusieurs activités, notre vie sociale est souvent impactée, il est donc nécessaire de choisir les relations que l’on souhaite nourrir et de les chérir autant que possible !
- S’accepter comme on est : C’est sûrement le plus difficile. Si je devais donner un conseil à ma moi du passé, ce serait sûrement d’assumer mon besoin de diversité. Vous n’êtes pas dispersé·e, instable ou indécis·e. Vous avez des besoins, des envies, toutes aussi légitimes que le besoin et l’envie de se spécialiser dans un seul domaine. Comme le résume bellement cette citation parfois attribuée à Jean Cocteau, parfois à Max-Pol Fouchet, parfois à Claude Roy, mais l’idée reste la même : “Je touche à tout, parce que tout me touche” !
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