Dans un monde idéal, les personnes qui nous entourent sont bienveillantes et positives, au sein d’un système qui protège les victimes et prévient les agressions.
Dans les faits, nous avons tous·tes rencontré sur notre chemin des personnes qui, jouissant d’un ascendant, s’autorisent des comportements malsains, harcelants ou pervers. Nous avons également pu être témoins des failles de notre système en ce qui concerne la détection de ces situations et la protection des victimes. Alors que faire quand on se retrouve face à des comportements toxiques dans un monde qui nous en protège mal ?
Voici quelques clés pour apprendre à repérer ces situations, adopter la bonne attitude pour vous préserver et vous reconstruire après une telle expérience.
Les signes qui doivent vous alerter
Il est difficile de repérer des comportements toxiques car ils sont souvent dissimulés (consciemment ou non) derrière des techniques de manipulation très efficaces. Je pense notamment au transfert de responsabilité et à la victimisation (exemple : un·e manager qui rabaisse ses collaborateur·trices en leur disant qu’ils/elles sont incompétent·es au lieu de voir sa propre incompétence à motiver et former son équipe ou encore un·e harceleur·se qui va dire que sa victime l’a poussé·e à bout).
Ces mécanismes consistent à écraser les autres pour se sentir exister, se donner de l’importance et de la valeur. Qu’ils résultent de traumas, ou d’un manques de confiance en soi, ces comportements sont intolérables en milieu professionnel et il est toujours légitime d’en parler aux personnes en charges des ressources humaines.
Dans les attitudes récurrentes, on retrouve la propension à dénigrer les autres, à souffler le chaud et le froid pour maintenir un climat instable et entretenir un sentiment de vulnérabilité, d’illégitimité. On peut repérer les égos surdimensionnés, les manipulateurs·trices, les pervers·es narcissiques, les harceleur·ses. Dans le cadre du travail, les harceleur·ses tendent à effacer les limites entre la vie professionnelle et la vie personnelle. Il devient alors difficile de retrouver le point d’équilibre. Enfin, les pervers·ses narcissiques, ces grand·es séducteur·trices dénué·es d’empathie, parviennent à isoler leurs victimes pour mieux régner et garder une emprise sur elles.
Ces signes peuvent alerter mais le moyen le plus efficace pour reconnaître un contexte toxique est de vous intéresser au sentiment qu’il vous laisse : si vous vous sentez inconfortable, stressé·e, que vous commencez à vous auto-censurer, à vous dévaloriser et à vous isoler, soyez vigilant·e. Ce sont des signes qui, en général, ne trompent pas !
La bonne attitude à adopter
Le premier principe est simple : vous gagnerez à poser des limites de manière claire et ferme. Plus vous définirez précisément ces limites, plus vous arriverez à vous protéger de l’autre, de ses émotions et ses actes. Par exemple, si vous décidez de couper toute communication liée au travail une fois votre journée terminée, respectez et faites respecter cette limite.
Gardez en tête que face à des comportements manipulateurs, rien n’est gratuit. Essayez donc de repérer tous les faux actes de gentillesse – vous verrez qu’ils sont souvent nombreux… Il faut tenter de ne pas se retrouver dans un schéma de redevabilité car vous vous sentirez d’autant plus piégé·e.
Mais surtout, je dirais que le plus important est de rester entouré·e. On le sait désormais, le principe d’emprise assoit son pouvoir en isolant la victime, la rendant ainsi vulnérable. Si vous êtes confronté·e à des comportements toxiques (ou si vous avez des doutes), continuez à voir votre entourage, vos ami·e·s et à partager avec elle·eux l’expérience que vous traversez. Même si vous avez l’impression de vous contredire, ou de changer d’avis, c’est normal, ça arrive. Gardez la communication.
Conseils pour reconstruire son estime de soi
Si vous avez subi une relation toxique au travail ou dans votre vie personnelle, il faut aussi gérer l’après. Souvent, les victimes d’emprise n’ont plus confiance en leur jugement et se sentent démunies. Dans ce genre de schéma, rappelez-vous qu’une expérience négative ne vous définit pas. Vous avez pu être sous emprise mais cela ne fait pas de vous une personne faible.
C’est là qu’on arrive à une autre phase de la reconstruction : travailler sur l’estime de soi, sur son image pour sortir de la vision négative qui nous a été imposée et se reconnecter avec sa valeur intrinsèque.
Se faire accompagner par un·e psychologue est souvent indispensable pour gérer ses émotions et apprendre à se faire confiance à nouveau.
Je ne suis pas certaine qu’il y ait une seule et bonne méthode qui convienne à tout le monde. Comme dans toutes les étapes de reconstruction, il faut essayer plusieurs méthodes et prendre le temps de trouver celle qui sera la plus adaptée pour soi… En somme, écouter sa petite voix, aller vers des activités et des personnes qui nous font du bien et reprendre le contrôle de sa vie !