Pour la quatrième étude de cas de Misfit, j’ai décidé de mettre à l’honneur le célèbre “syndrome de l’imposteur”. Vous savez, cette petite voix qui s’écrie “tu n’es pas à la hauteur” à chaque fois que nous souhaitons sortir de notre zone de confort. Comme ce sujet revient beaucoup en coaching, je voulais l’étudier plus précisément. En discutant avec beaucoup de femmes aux vies professionnelles différentes, il se trouve que ce phénomène est d’autant plus présent chez les femmes autodidactes ou qui travaillent en indépendantes.
Je suis donc partie à la recherche de ces femmes qui se sentent freinées par ce syndrome au quotidien. Et j’en ai trouvé PLEIN ! Leurs histoires sont toutes différentes et je leur dédierai chacune un article différent.
Commençons dès à présent avec l’histoire de Sophie qui a un parcours dont nous pouvons toutes nous inspirer : elle a réussi à “gérer” son syndrome de l’imposteur et à vivre avec. Je lui laisse la parole pour la première partie de cet article 😉
Entre appel de l’entrepreneuriat et questionnement sur la valeur de mon travail
Diplômée d’une école de design, j’ai été piquée par la mouche de l’entrepreneuriat dès la fin de mes études. Je n’avais pas envie de me confronter au jugement de quelqu’un d’autre en entreprise, j’avais envie de faire ce qui me plaisait. J’ai donc créé avec deux amis diplômés d’une école de commerce une première entreprise dans la chaussure.
J’ai fait connaissance avec mon syndrome de l’imposteur très tôt dans mon aventure : comme je n’avais jamais fait de commerce contrairement à mes associés, je ne me sentais pas aussi légitime qu’eux sur les sujets stratégiques. J’avais tendance à m’effacer et à me concentrer sur mon champ d’expertise : le design et le produit.
C’est seulement quand nous avons levé de l’argent via une cagnotte en ligne que j’ai vu mon travail d’une autre manière : ce que je faisais avait une valeur pécuniaire qui démontrait un intérêt fort pour notre produit.
Mon entreprise fut une belle aventure pendant plusieurs années, mais après 3 ans j’ai décidé d’arrêter. Là s’est posée la question :
“Qu’est-ce que je peux bien faire maintenant ? ”
Compétences certifiées vs compétences qualifiées
Même si pendant toutes ces années de travail acharné en tant qu’entrepreneure j’avais appris des dizaines de compétences (vente, marketing, production, etc.) et porté plusieurs casquettes, j’avais le sentiment que j’étais la seule à porter ce regard, comme si la société avait eu besoin d’une certification que je ne pouvais naturellement pas me délivrer à moi-même.
Comme personne d’autre que moi-même n’avait “validé” ces compétences, je ne me sentais tout simplement incompétente sur ces sujets.
Quand je consultais des offres en entreprise pour des postes de designer je n’arrivais pas à me sentir légitime : le milieu de l’entreprise m’a toujours été étranger et je n’ai jamais réussi à me projeter dedans. Je savais aussi que la sélection était rude : il y a tellement de candidats sur ces postes que les recruteurs ne prennent que les profils qui collent exactement à leur recherche. Ce à quoi mon profil atypique ne répondait pas du tout.
“Aujourd’hui le regard posé par la société sur les compétences acquises et les compétences certifiées est extrêmement différent. Donc quand la majorité de nos compétences n’est pas certifiée, on peut se demander quelle est notre valeur sur le marché du travail.”
Très intéressée par le milieu de l’enseignement, je me suis alors demandée si je serais capable d’enseigner :
“Est-ce que mes connaissances et compétences sont assez maîtrisées pour pouvoir les transmettre ?”
Vaincre mon syndrome de l’imposteur grâce à l’enseignement
J’ai alors décidé de me lancer dans cette voie et d’enseigner le design dans un établissement parisien.
Et c’est justement en enseignant que j’ai pu prendre conscience de l’ampleur des compétences que j’avais acquises ! J’avais réellement de la matière à transmettre à mes étudiants.
Enseigner m’a procuré ce sentiment de maîtrise qui a petit à petit fait taire mon sentiment d’imposture. Le fait de voir que mon savoir et expériences passées étaient utiles et profitaient vraisemblablement à des dizaines de personnes m’a confortée sur la valeur de mes compétences : certes elles n’étaient pas “certifiées” mais elles étaient bien utiles et transférables.
En commençant ce métier, j’avais trouvé l’environnement propice à la valorisation de mes compétences.
Conclusion :
Aujourd’hui, même si j’arrive à vivre avec mon syndrome de l’imposteur, je ressens ce sentiment d’illégitimité dès que je suis confrontée à un environnement qui ne me correspond pas, comme le milieu de l’entreprise par exemple. Donc je n’essaye plus d’aller par là ! Je pense d’ailleurs à lancer une nouvelle entreprise.
Ce qui est surprenant, c’est qu’en France, on manque d’ouverture d’esprit et on s’attache beaucoup trop aux diplômes et aux certifications. En tout cas on s’y attache beaucoup plus qu’à la personnalité ou à l’expérience réelle de la personne. Mon frère est auto-didacte et vit aux Etats-Unis, et il ne ressent pas du tout la même chose, il se sent au contraire encouragé dans cette voie.
“Selon moi, en France, on cherche des étiquettes et pas des gens.”
Ce qu’on peut retenir du parcours de Sophie, par Roxane Régnier, Fondatrice de Misfit :
Entre appel de l’entrepreneuriat et questionnement sur la valeur de mon travail
Dès ses débuts dans l’entrepreneuriat, Sophie se pose des questions sur sa valeur et ce qu’elle apporte à l’équipe : parce qu’elle n’a pas le bon diplôme, elle se sent moins légitime que ses associés sur les sujets stratégiques.À ce stade, Sophie a du mal à générer de la confiance en elle sans validation externe. C’est seulement quand une métrique de son business est gonflée (c’est ce qu’elle explique quand elle parle de sa levée de fonds) qu’elle arrive à reprendre confiance en elle.
Même si aller chercher des éléments de validation externe est naturel et instinctif quand on manque de confiance en soi, ce n’est pas une démarche saine sur le long terme. En effet, on peut rapidement devenir dépendante de ce facteur externe, que ce soit une personne qui va avoir tendance à nous complimenter ou l’augmentation de notre chiffre d’affaire. Si ce facteur disparaît, on peut aussi rapidement se sentir “en carence” tel un addict en sevrage.
De bonnes questions à se poser dans ces moments là sont : “Quels sources de validation interne pourrais-je utiliser à la place ?”
Cela peut être par exemple notre courbe d’apprentissage, la manière dont on a résolu un problème, notre sentiment d’aisance ou de facilité en effectuant telle ou telle tâche, etc.
- Compétences certifiées vs compétences qualifiées
Ce que ressent Sophie dans son questionnement sur la certification de ses compétences découle directement de son besoin de validation externe. En effet “la certification” est pour elle l’ultime validation que ses compétences sont reconnues, qu’elles ont de la valeur sur le marché et qu’elles sont maîtrisées.
Ayant acquis son expérience dans un environnement qui n’est pas reconnu par la norme et qui n’a pu lui délivrer aucune certification, elle ne considère pas avoir assez de valeur aux yeux d’une entreprise “classique”.
Si comme Sophie, vous êtes dans ce schéma de pensée, je vous propose de vous poser les questions suivantes :
“Qu’est-ce que j’ai appris pendant toutes ces années ?”
“Qu’est-ce que je ne savais pas faire il y a 3 ans et que je maîtrise aujourd’hui ?”
“Qu’est-ce que je suis capable de faire sans regarder une tuto ou demander de l’aide ?”
“Qu’est-ce que je me sentirais capable de transmettre ?”
- Vaincre mon syndrome de l’imposteur grâce à l’enseignement
L’exemple de Sophie est très encourageant et inspirant : elle a su trouver l’environnement dont elle avait besoin pour regonfler sa confiance en elle et atténuer son sentiment d’imposture. Un grand bravo à Sophie !
La transmission est en effet un excellent moyen pour retrouver confiance et lever son syndrome de l’imposteur car cela permet de :
- Créer un sentiment de maîtrise, indispensable pour lever le sentiment d’imposture
- Générer du feedback grâce aux remarques, compliments et comportements des étudiants
- Envoyer des preuves directes de notre compétence et utilité à travers la progression des étudiants
Le fait de structurer notre savoir, de le mettre en page, de le verbaliser et de le transmettre nous permet également de prendre conscience de ce qu’on sait faire, ce qu’on sait expliquer et ce dont on sait parler.
Alors si vous avez un domaine sur lequel vous vous sentez illégitime, posez-vous ces deux questions :
“Qu’est-ce que je me sentirais à l’aise de transmettre maintenant ?”
“À qui je pourrais le transmettre cette semaine pour le fun ?”
Cela vous donnera de bonnes indications sur ce que vous maîtrisez et vous pourrez commencer à vous exercer !
Retrouvez également mon témoignage sur mon syndrome de l’imposteur pendant le lancement de mon entreprise. Je parle de mes doutes sur moi-même et ma capacité d’entreprendre.
L’histoire de Sophie vous donne envie de développer votre confiance en vous ?
C’est possible ! La confiance en soi n’est pas innée, c’est une compétence qui se développe et s’apprend.
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